Millau 2000
Je profitais d’un train que diverses associations avaient affrété, dont les Verts sur le quota desquels j’avais eu une place en m’intronisant moi-même photographe des Verts, pour se rendre de Paris à Millau.
Dans le train, je négociais une place dans une tente pour la nuit à Millau puis m’endormis tard après moult discussions pendant le voyage de nuit.
Arrivée à Millau, je me fit introniser photographe d’Indymedia puis je parti pour la ville.
Celle-ci était déjà remplie de stands associatifs et politiques, ça bouillonnait de partout, des discussions spontanées dans la rue, dans des forums, des sous-forums, des réunions officielles, informelles ou spontanées…
On retrouvait avec plaisir la plupart des groupes militants qu’on connaissait déjà ainsi que des nouveaux avec lesquels ont se trouvait rapidement des affinités militantes.
Réglé comme un coucou suisse, toutes les heures, une espèce de groupuscule trotskiste à l’allure de secte faisait un tour de la ville dans une manif qui se voulait sans doute la préfiguration de la révolution à venir. Du coup, les jeunes Verts de Chiche! faisaient de même dans un esprit nettement plus inventif et festif.
Avec un ami de « la Vache Folle » (le journal politiquement j’t’emmerde des jeunes Verts dont j’étais le photographe…) on filmait et photographiais, tout en se baladant avec nos canettes de Coca à la main pour faire de la provocation, pas très fine… On faisait aussi la tournée des commerçants, dont la rigidité trahissait un net rejet des idées du rassemblement et on jubilait de les faire avouer dans un certain malaise, que, malgré cela, c’était une bonne affaire commerciale tout ça.
En fin de journée, dans un immense mouvement migratoire, on est allé se baigner avant d’aller rejoindre le dernier grand meeting avec les ténors de l’altermondialisation du moment. José Bové fit un discours dont, finalement, la seule grande annonce fut qu’on recommencerait tout ça l’année prochaine…
La nuit fut longue, de chants et de quête d’un endroit pour dormir au fur et à mesure que le froid descendait des montagnes environnantes. Évidemment, ne retrouvant absolument plus la tente et encore moins la place et le duvet qui m’y attendaient, je suis retourné dans le hangar d’Indymedia. J’étais seul, frigorifié, avant que des dizaines de personnes ne viennent me rejoindre en pleine nuit pour se protéger de la pluie d’orage et du froid soudainement tombés.
Le lendemain, les militants se levèrent tard, un peu zombies. Beaucoup se rendirent poliment aux derniers débats. Mais la fatigue et le ton petit professeur de certains intervenants d’associations qu’on aimait bien mais qui avaient du mal à se départir des vieilles méthodes militantes, firent que beaucoup commencèrent à se diriger, avant la fin, vers la gare pour reprendre le train pour Paris.