Modernité et post-modernité
Quand j’avais été à New York en 1991, les néons me semblaient alors une des marques de la modernité urbaine. Il y avait comme le sentiment d’une diversité de formes et de couleurs tout en restant dans des règles acceptables. Il s’agissait d’enseignes, pas de publicité. Cela apportait même une certaine esthétique à la ville avec par exemple de beaux reflets sur les sols mouillés par la pluie.
Aujourd’hui, avec l’envahissement publicitaire, on assiste à un certain désenchantement. Même dans les petites villes se développe l’installation d’écran vidéo dans les vitrines.
L’écran n’a plus de lien avec l’espace physique qui l’accueille. Il n’est qu’au service de lui-même.
Par exemple, l’écran de la librairie de ma ville diffuse des annonces de livres dont le libraire ignore l’existence…
L’écran du cinéma sur lequel défile le programme fait que, si vous avez loupé les indications du film qui vous intéressait, il faut attendre que tous les films se succèdent pour avoir votre information.
Sur les panneaux déroulant des kiosques à journaux, il n’y avait historiquement que des affiches pour les journaux, revues et magazines. Maintenant, on a des parfums, des chaussures, des sacs de luxe et autres produits inutiles.
On est loin de la modernité. Il ne s’agit plus de construire une vision commune des choses, mais de balancer des images animées qui se chassent les unes les autres pour tenter de capter l’attention.
La meilleure information est celle qui se lit d’un seul coup d’œil et qui se partage par le plus grand nombre. Tout l’inverse de l’écran.
Avant la modernité apportait une certaine notion de confort, aujourd’hui, elle apporte principalement de la perturbation pour un service très médiocre.
Et je ne parle pas du gaspillage énergétique, des terres rares nécessaires à la fabrication de ces objets, parce que ça, de toute manière, tout le monde s’en fout…