Le jolie mois de mai…
En 1989, j’attentais avec impatience, au fond de la caserne Napoléon, la perm” du 1er mai…
Mais nous avons tous été consignés. La hiérarchie avait peur que ses petits appelés ne se fassent manger tout cru par les gauchistes révolutionnaires de la ville.
Alors cette fois-ci, pas question de manquer le 1er mai, même avec 24 ans de retard !
Pour un français qui n’a pas connu la guerre, les affiches antinazies ont toujours un petit côté folklorique.
Du côté allemand, le ressenti et la réalité est tout autre. Entre la génération des années 40 qui n’a cessé de s’interroger sur ses pères (et la suivante sur ses grands-pères), la gestion libérale de la réunification a fortement réactivé l’extrême droite.
La disqualification de 40 ans d’existence de la RDA, tout en pillant ses dernières richesses, la transformation de ses citoyens en habitants de seconde zone, a laissé groggy une part des Allemands de l’Est.
L’Ostalgie qui en a résulté fut aussi moquée, récupérée et neutralisée par le marketing. Dépossédé de leur mémoire, abandonné à la misère sociale et la à rancœur le terrain était prêt pour un retour des idées fascistes. On pourrait dire qu’ils sont alors revenus aux valeurs communes d’avant la guerre, celles furent la cause de la création des deux Allemagnes…
Un retour à une Allemagne des années 30 est évidemment fort peu probable mais, comme en France, la pollution de ces idées dans tout le champ politique déshumanise progressivement nos sociétés occidentales en forteresse libérale pinochiste chère à Margaret Thatcher et ses héritiers sarkozyste.
Alors entre folklore et résistance, le 1er mai à Berlin reste un baromètre créatif et brouillon de la vigilance qu’il faut maintenir en attendant de réinventer de nouveaux enchantements.