Casey
Comme chaque matin, je suis allé m’installer dans un café pour écrire. Un jeune homme s’installe à ma gauche, puis quelques minutes plus tard se déplace sur ma droite.
Le serveur lui dit qu’en cas d‘affluence, il le re-dépacera sur ma gauche… Le jeune homme ne comprend pas tout le message, le serveur s’adresse donc à moi ayant vu que j’avais tendu l’oreille. Je traduis donc en anglais au jeune homme qui tout de suite se présente “Casey”, on se serre la main et on engage la conversation.
Nous avons finalement passé le reste de la journée ensemble à discuter en anglais.
Casey vient de Francfort, d’origine chinoise et malaisienne, sa mère est morte peu de temps après son arrivée en Allemagne et il n’a jamais revu son père. Il a été élevé dans une famille allemande.
Musicien, il est à Paris pour réaliser son rêve.
Longtemps une petite tour Eiffel qu’il avait trouvée par terre a trôné sur son bureau, et cette fois, il s’est dit qu’il devait aller à Paris. Paris, pour lui c’est l’ouverture, la littérature, les vieilles pierres qui l’aident à savoir enfin qui il est.
Sa fascination pour la Capitale me rappelle la mienne pour Berlin.
Nous parlons des villes, de nos rêves, de ce que c’est que d’être musicien, photographe, les différences et les similitudes, la société, les femmes, la confiance, le doute, la quête de savoir et d’émotions…
Lui dont les origines sont multiples qui n’est pas tout à fait d’ici ni d’ailleurs non plus, qui a subit les moqueries de l’étroitesse d’esprit des petites villes allemandes, qui a choisi, à travers la musique, un langage universel, le monde devrait finir par être son univers.
Je lui fais découvrir d’autres cafés dans le quartier et pour finir il joue quelques morceaux de guitare sur le quai. Sa voix rappelle celle de Ben Harper avec des intonations proches de Tracy Chapman. Il se dégage de lui une force d’une maturité dont il ne semble pas encore avoir totalement conscience. Lorsqu’il l’aura compris, plus rien ne l’arrêtera.
Écouter un des morceaux joués par Casey :