Que s’est-il passé sur la ligne 9 à 11h 31 ?
Ce matin, je regarde le panneau des arrivées de rames du métro à la station Buzenval sur le quai en direction de Pont de Sèvres.
Il est 11h 31. La première rame est annoncée dans trois minutes et la seconde dans deux minutes. La première aurait donc du retard quand la seconde lui serait passée devant ?
Puis le panneau indique deux minutes pour chacune des deux rames.
Et enfin une minute pour la première et deux minutes pour la seconde. Remettant ainsi dans l’ordre naturel des choses, le fonctionnement du réseau de la RATP.
La rame entre dans la station. Le conducteur est debout, impassible.
Je scrute les visages des passagers pour voir s’ils pourraient m’éclairer sur ce qu’ils viennent de vivre. Une incroyable course poursuite dans un tunnel du métro qui ne permet pourtant pas aux rames de se doubler, ou alors, au prix d’une prise de risque démesuré de se retrouver nez à nez avec la rame de sens contraire, provoquant un choc frontal phénoménal.
En montant dans la rame, un voyageur lève les yeux vers moi, comme pour me dire quelque chose, quittant momentanément l’écran de son iPhone, mais rien. Sinon une légère gêne d’avoir été prix en défaut d’utilisation d’une application de jeu débile à laquelle, de plus, il ne comprend rien.
Une mère discute avec son petit enfant qui ne dégage aucune émotion d’excitation propre à cet âge lorsque l’on vit quelque chose de peu ordinaire.
D’autres voyageurs, écoutent de la musique, tweet et re-tweet, like et links, poke, forward, chat’…
Chacun dans son univers numérique. Il faudra aller vérifier le htag du moment en essayant #métrofou.
Globalement, il n’y a pas de lien entre les voyageurs. Les regards se portent de-ci de-là sans direction précise. Le bruit des conversations est couvert par celui du fonctionnement du train, sans qu’il s’en dégage non plus une musicalité particulière.
Pourquoi ces gens ne sont-ils pas conforment aux indications du panneau d’indication des horaires des rames du métro ? Pourquoi cachent-ils ce qui vient de se passer ? La première rame en retard a pourtant bien doublé la seconde qui la précédait pour rattraper son retard.
Leurs vies ne sont pas conformes à ce qui vient de se passer.
« Direction Pont de Sèvres, prochain train dans une minute, le suivant dans deux minutes »